Tuberculose en prison : incidence, caractéristiques des cas et évaluation du dépistage - 09/05/19
Résumé |
Introduction |
En France l’incidence de la tuberculose maladie en milieu carcéral paraît bien supérieure à l’incidence moyenne nationale du fait principalement de populations incarcérées à risque et des conditions de détention. Peu de travaux ont étudié la tuberculose en prison, et aucun n’a permis de calculer une incidence récente. Le dépistage présente un enjeu considérable pour les détenus mais aussi pour les personnels pénitentiaires. En décembre 2010, les recommandations de dépistage ont été modifiées, la radiographie thoracique ne devenant plus systématique, seulement en cas de signes cliniques évocateurs. Notre travail comportait 2 objectifs : étudier les caractéristiques des cas de tuberculose maladie en prison, avec calcul d’une incidence et évaluer le dépistage proposé.
Matériels et méthodes |
Nous avons effectué une étude descriptive rétrospective monocentrique au sein d’une maison d’arrêt sur une période de 10 ans, du 1er janvier 2006 au 31 décembre 2015, incluant tous les nouveaux entrants, non récidivant. Nous avons exclu tous les patients ayant des antécédents de traitement antituberculeux ou chez lesquels une tuberculose avait été diagnostiquée avant leur incarcération, ainsi que les prisonniers en liberté partielle ou hébergés à l’extérieur. Un cas était défini chez tout patient avec une tuberculose maladie active diagnostiquée à l’entrée ou lors de sa détention, confirmé ou non par la culture. Nous avons analysé les dossiers médicaux des cas signalés au Centre de lutte antituberculeuse et vérifié avec les Déclarations obligatoires. La stratégie de dépistage a été évaluée par le calcul le taux de dépistage radiographique et par l’estimation du temps entre l’incarcération et le dépistage, et entre le dépistage et l’hospitalisation.
Résultats |
Parmi les 18 356 entrants inclus, 45 cas ont été diagnostiqués, en majorité des hommes (95,6 %), d’âge compris entre 35 et 39 ans (27,9 %), provenant d’Europe de l’Est ou du Maghreb (24,4 %), en France depuis moins de 2 ans (46,4 %). Le taux d’incidence cumulée moyen était de 245,2 pour 100 000 entrants, soit 30,6 fois plus que dans la population générale française. Plus de la moitié des cas diagnostiqué (54 %) était asymptomatique lors de l’examen clinique dont 7 (20 %) contagieux. Aucune résistance aux antituberculeux de première ligne n’a été retrouvée. Le taux de dépistage des entrants était estimé à 100 %, la durée moyenne entre la date d’incarcération et le dépistage était de 3,8jours, et entre le dépistage et l’hospitalisation de 9,9jours.
Conclusion |
Au vu de ses résultats et notamment du nombre de cas asymptomatiques, il semble indispensable de poursuivre un dépistage efficace de la tuberculose en prison avec la réalisation systématique de la radiographie thoracique à l’entrée.
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Vol 49 - N° 4S
P. S33 - juin 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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